L’avion survole la forêt, décrit un demi-cercle puis plonge vers la cime
des arbres. Le nez au vent enfin il se cabre vers le ciel tout en
larguant sa poudre rouge!.
Le pilote aperçoit les flammes grimpant aux arbres, mangeant toute
verdure et ne laissant que des squelettes fumants. Au bout d’un chemin
il voit un rectangle rouge avec des fourmis autour, ce sont des pompiers
à la limite de se faire encercler par ce monstre essayant, de ses
langues de feu, d’attraper tout ce qu’il y a de vivant.
John pense à la fin du monde ; enfin à la fin de son monde. Il a vécu
depuis enfant dans ce milieu paradisiaque au bord d’un lac cerné de
bois, il y pêchait, chassait avec son père. Il aurait pu y vivre en
autarcie.
Dans la première moitié du vingtième siècle, la Californie était un
paradis sur terre, créant des exodes de fermiers d’autres états (lire
Steinbeck: Les raisins de la colère), maintenant si l’enfer pouvait se
représenter cela pourrait être ce désert de cendres encore rougeoyantes
accentué par ces troncs d’arbre encore debout dessinant de leurs
branches des crucifix.
J’ai toujours été sensible à la préservation de la nature et voir ces images en boucle m’horripile.
Les premiers tracteurs dans la ferme dégageaient une fumée noire et
petit je me demandais ou allait tout ce noir, je le voyais s’étioler
dans son ascension vers le ciel mais une question me taraudait : Ou
toute cette fumée était-elle stockée? Pensant à un univers fini. Ne
voyant pas de réponse ni n'entendant pas les mêmes questions, je doutais
de mes inquiétudes et me méfiais de ma naïveté. J’ai commencé alors à
écrire des poèmes sur ces sujets.
Ce n’est qu’un peu plus tard quand je vois ce professeur farfelu arriver
sur les écrans de télé ; René Dumont prédisant des catastrophes
écologiques, mais sa dégaine de savant fou ne faisait pas peur aux
technocrates cravatés ni aux médias déjà muselés. Je ne me sentais plus
seul au moins. La machine à broyer ce genre d’homme à idée faisait son
œuvre, bien vite on a enfermé ces écolos dans un parti politique pour
mieux les récupérer. En aucun cas l’écologie ne devrait être enfermée
dans un parti elle devrait comme l’économie, la défense faire partie
d’une politique globale. Les beaux penseurs de l’époque devraient se
pencher sur les écrits de ce Dumont, lui était un scientifique, un
penseur libre et non un de ces conseillers enfermés dans leur carcan,
abreuvés par ces multinationales pétrolières (Total , Exon, Shell etc.),
chimiques ( Mosanto, Bayer). J’en veux à ces gens! Ils ont eu le
pouvoir ils n'ont rien fait.
Le problème de ces entreprises est qu’elles sont devenues impersonnelles donc irresponsables.
Puis il y a eu Seveso (1976), Bhopal (1984; 20 à 25 000 morts selon les
associations de victime en inde; le directeur de l'usine chimique, un
américain, est décédé de sa belle mort en 2014) , et Tchernobyl. Une
fin du vingtième siècle ponctuée de catastrophes humaines et le monde
continuait sa course infernale.
L’homme aurait été capable de corriger ces erreurs. Il avait la
technologie, le savoir; il aurait su palier à ces inconvénients mais
quelques semblables, au nom du profit les ont censurés. Je me souviens
d’un article dans Ouest France au début des années soixante. Un
Argentanais avait fabriqué un moteur à eau ; petit, j’étais sidéré, en
fait c’était un moteur à électrolyse ; je me demande ce qu’il est devenu
mais suis certain que cela déplaisait aux pétroliers. Combien de
découvertes ont été enterrées pour ne pas nuire aux profits de quelques
uns. Les gouvernants sont aussi responsables de n’avoir écouté que le
discours des financiers.
Ces multinationales ne paient pas d’impôt.
Maintenant on nous assène d’images et de commentaires, nous
culpabilisant d’avantage, alors que ces journalistes ou leur père se
sont moqués, il y a longtemps, de la mise en garde contre la destruction
de la planète.
Ce n’est pas fini car la machine va s’emballer, comme un programme
récursif sans contrôle. Le réchauffement fait fondre les pôles, une
aubaine pour les pétroliers ; ils vont pouvoir forer le pôle nord, leurs
bateaux pourront ouvrir des routes et les glaces fondront d’avantage. «
La boucle est bouclée » comme on dit ; ce n’est malheureusement pas une
boucle mais une spirale.
Voilà pourquoi je suis en colère; on vient chez moi me donner des
leçons, bien sûr chacun est responsable mais le but aurait été de
s’attaquer à la source pour ne pas en arriver là.
Pour cela il faut être au pouvoir.
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